Vie et évolution

Vie et évolution

Les êtres humains sont des êtres vivants ayant évolué à partir d’une forme de vie originelle unicellulaire. On en compte trois type : les cellules à noyau (eucaryotes) qui elles-mêmes « descendent1 » probablement des bactéries ou des archées (cellules sans noyau appelées aussi procaryotes).

La vie est la propriété qui fait qu’une certaine forme de matière puise de la matière dans son environnement et la transforme de sorte à maintenir et développer sa structure jusqu’à, éventuellement, reproduire une nouvelle structure semblable. Je pose cette définition arbitrairement sans ignorer que parmi les spécialistes la définition de la vie est très controversée.

La notion de vie est très liée à la notion d’individu, c’est-à-dire que pour qu’on parle de vie il faut qu’il y ait une limite entre un intérieur et un extérieur qui permette de distinguer la structure qui se maintient. Par structure j’entends une certaine organisation de la matière. Généralement une structure vivante parvient à se reproduire c’est-à-dire à former une autre structure semblable (mais pour moi ça ne fait pas partie de la définition de la vie sans quoi un être stérile devrait être considéré comme non-vivant).

  • 3,8 milliards d’années : apparition des premières cellules simples sans noyau, les procaryotes.

  • Entre 2,7 et 1,8 milliards d’années : apparition des premières cellules avec noyau, les eucaryotes.

  • 1,6 milliard d’années : premiers organismes pluricellulaires (algues).

  • 635 millions d’années : premiers animaux.2 »

Initialement la vie tourne autour de ce processus : puiser dans l’environnement de la matière afin de stimuler les réactions chimiques soutenant la croissance et le maintien de l’homéostasie (l’équilibre interne de l’organisme, son fonctionnement « par défaut »). Au fur et à mesure de l’évolution, d’autres « organes » apparaissent pour optimiser ce processus élémentaire. Cependant, tous les constituants de notre organisme ont ou ont eu pour fonction de faciliter ce processus plus ou moins directement. Ceci est valable pour le système nerveux (le cerveau).

C’est ce qu’enseigne la théorie de la sélection naturelle développée par Darwin dans De l’origine des espèces. La thèse de cet ouvrage est simple et fait encore référence. Elle a été associée à la génétique de Mendel pour former la théorie synthétique de l’évolution (à la base du « néodarwinisme ») qui forme actuellement la base théorique de la biologie.

Néanmoins, d’un point de vue matérialiste, cette théorie a un problème majeur : elle sanctifie la notion de « hasard »3. Mais nous y reviendrons.

La théorie synthétique de l’évolution en bref considère que l’évolution des espèces passe par la sélection naturelle des individus les mieux adaptés à leur environnement. Être adapté à son environnement signifie être capable de se reproduire (plus que les autres individus de son espèce), et par conséquent survivre suffisamment longtemps pour le faire.

Comment opère la sélection des individus les plus adaptés ?

Chaque individu de chaque espèce hérite de ses parents de gènes qu’il va pouvoir ensuite transmettre à sa descendance. Ces gènes déterminent certains caractères, ça peut être la capacité à digérer telle substance, la capacité à stocker le sucre, la capacité à résister au soleil, la capacité à développer du muscle, etc… Dans un environnement donné ces caractères sont plus ou moins bénéfiques. Par exemple, si j’hérite de mes parents de gènes qui favorisent la digestion des fougères et que je vis dans un milieu où c’est une plante abondante, cette aptitude va m’être très utile, je serai adapté à mon environnement.

Certains caractères peuvent au contraire être désavantageux. Ça peut être le cas de gènes qui réduisent notre capacité à résister aux rayonnements UV et nous exposent donc davantage aux cancers de la peau. Attention ! Ça dépend de l’environnement dans lequel on évolue : ce caractère sera désavantageux si on est fortement exposé au soleil. Il peut devenir avantageux dans des régions moins exposées en favorisant la synthèse de vitamine D.

Ce qu’il est important de noter c’est que ces avantages sont relatifs. Ils sont relatifs à l’environnement, on l’a vu, mais ils sont surtout relatifs aux caractères des autres individus. Si tous les individus de notre espèce digèrent mieux les fougères, je ne serai pas avantagé. Il faut que ce soit un caractère qui me soit propre ou au moins rare dans la population pour qu’il me permette de remporter la « compétition » pour la survie et la reproduction (car c’est de ça qu’il s’agit in fine – selon la théorie darwinienne, d’une compétition entre individus).

Arrivé à ce point voici la question qui devrait attirer votre attention : puisque tous ces individus sont membres de la même espèce, ils descendent donc tous d’ancêtres communs, donc ils devraient avoir hérité les mêmes gènes et les transmettre chacun à leur descendance, comment un individu peut avoir des caractères différents des autres membres de son espèce ?

Et voici quelle est la réponse de la théorie synthétique de l’évolution : les mutations.

En effet, on hérite des gènes de nos parents sauf que certains de ces gènes (une petite minorité) mutent. D’une certaine manière ils nous sont « mal » transmis. Or un gène muté ne va pas développer le même caractère que le gène d’origine. Si on reprend l’exemple de la digestion de la fougère, peut-être que le gène me permettant cette digestion est une version mutante d’un gène qui, chez mes parents, leur facilitait la digestion d’une substance présente dans les racines.

C’est dans ce processus de mutation que le hasard est invoqué par les néodarwinistes. En effet, ceux-ci considèrent que la désignation des gènes qui vont muter est parfaitement aléatoire. On ne peut donc pas les prédire et par conséquent pas non plus prédire si ces mutations seront bénéfiques ou néfastes.

En résumé, nos parents nous lèguent des gènes, certains mutent, tous participent à la formation de notre phénotype (c’est-à-dire de nos caractères) et certains caractères vont nous avantager ou nous désavantager par rapport aux autres individus de notre espèce. Si nous sommes avantagés nous transmettront plus de nos gènes (et donc un phénotype avantageux) à nos descendants que les autres individus, si nous sommes désavantagés nous en transmettront moins. Ainsi, génération après génération, les gènes avantageux sont transmis à toujours plus d’individus qui (puisqu’ils survivent et se reproduisent plus que les autres) les transmettent eux aussi à plus d’individus jusqu’à ce qu’ils se répandent dans toute la population4.

C’est ainsi que les espèces évoluent, jusqu’à former de nouvelles espèces, à mesure que les gènes dominants dans une population changent et donc produisent des individus différents. Ce sera développé dans les pages suivantes.

Toutefois il s’agit dès à présent de souligner certains importantes controverses à propos desquelles les révolutionnaires doivent justement se positionner. Le néodarwinisme est essentiellement centré sur l’individu, les plus adaptés sont sélectionnés et leurs gènes se répandent. Mais une conception qualifiée par ses détracteurs d' »ultradarwiniste » ou « génocentrée » a actuellement le vent en poupe. Elle a été promue par Richard Dawkins et se centre sur les gènes. Les individus ne seraient que des véhiculent des gènes et ce sont ces derniers qui sont sélectionnés. Les ultradarwinistes qualifient même les gènes d’éternels (ce qui est encore aberrant d’un point de vue matérialiste selon lequel seule la matière en tant que substance, en tant que totalité (l’univers si on veut) est éternelle mais que les forme qu’elle prend (gène, atomes, ions…) sont nécessairement provisoires).

Plus importantes encore sont les questions relatives au comportement humain et à ce qu’il doit à l’héritage génétique. Des disciplines comme la sociobiologie et désormais la psychologie évolutionniste considèrent que nos comportements ont été sélectionnés, voire nos formes d’organisation sociale (en somme puisque nos comportements les uns envers les autres seraient génétiquement déterminés cela contraindrait également les sociétés dans certains modèles).

Stephen Jay Gould et Richard C. Lewontin se sont fermement (et à raison) opposés à cette approche. Et puisque ces questions sont le sujet principal pour lequel ce blog a été ouvert on les abordera forcément.

Une autre question est celle de la dynamique de l’évolution. Le darwinisme et le néodarwinisme voient l’évolution comme quelque chose de graduel, « d’ininterrompu ». A l’inverse, les auteurs cités juste au-dessus proposent une vision de l’évolution par sauts. Cette théorie est appelée théorie des équilibres ponctués.

Ces questions passionnantes ont des implications sur la compréhension de notre société actuelle et sur la façon dont on doit lutter pour son dépassement. C’est ce que j’espère montrer dans les prochaines pages.

1 Plutôt que de parler de « descendance » la théorie de la symbiogenèse défendue notamment par Lynn Margulis suggère que les cellules eucaryotes (avec noyau) résultent de la fusion de plusieurs cellules procaryotes.

2 Apparition des cellules eucaryotes (cellules à noyau) : une nouvelle hypothèse, Balade Naturaliste, André Guyard

3 Une biologiste de l’évolution a écrit un article simple et court avec lequel je suis parfaitement d’accord sur cette notion de hasard : Hasard et Déterminisme en Biologie de l’Evolution.

4 Qui n’est pas nécessairement toute l’espèce, si une population vit isolée elle ne transmettra jamais ses gènes au reste de l’espèce.