Science est matérialisme

Je pose deux postulats :

  1. La méthode scientifique donne les conclusions les plus fiables peu importe ce qui est étudié. Aucun phénomène ne peut être expliqué d’une meilleure façon que par la science.
  2. Le matérialisme est le seul paradigme qui soit compatible avec la science.

Démonstration du premier postulat :

La science accorde l’importance primordiale à l’expérience. C’est ce qui en fait la méthode la plus fiable. Les phénomènes ne pouvant pas être testé expérimentalement ne sont tout simplement pas des phénomènes réels et toute théorie qui tentera de les expliquer ne sera qu’une élucubration.

L’expérience permet de tester les hypothèses et prédictions d’une théorie scientifique conernant un phénomène réel particulier. Le protocole expérimental permet d’évacuer au maximum l’influence des opinions et des croyances des chercheurs pour que ce qui est découvert dépende le moins possible de leur point de vue et le plus possible des caractéristiques objectives du phénomène observé.

La science remet en question les connaissances qu’elle a acquise et ses méthodes pour y parvenir. La communauté scientifique sait que les théories scientifiques sont provisoires. Le juge, en dernière instance, de la viabilité d’une théorie scientifique est le phénomène qu’elle tente d’expliquer.

C’est du moins, en principe, l’ambition de la science.

Le scientisme n’est pas la foi aveugle dans la science. Il est la foi aveugle dans les déclarations de la communauté scientifique, négligeant le fait qu’au mieux celles-ci ne portent que sur des théories provisoires.

Démonstration du second postulat :

Celle-ci nécessite quelques définitions :

Matérialisme : Signifie que seule la matière existe donc que tout ce que nous connaissons est constitué de matière. Son antonyme est l’idéalisme.

Le solipsisme est un exemple d’idéalisme radical. Pour le solipsisme, la seule certitude qu’un individu peut avoir est que ses sensations et pensées existent. Le monde qui nous entoure est uniquement une illusion fabriquée par notre esprit. Ainsi la seule réalité est ce qu’on pense du monde, donc les « idées ». On n’est même pas sûr de la matérialité de son propre corps donc de nos idées.

La matière : Que veut dire « tout est matière » ?
La définition la plus consensuelle serait : tout ce qui peut interagir avec nos instruments de mesure.
Une deuxième définition qui est liée : la matière est la substance dont sont constituées les particules élémentaires découvertes jusqu’à présent – bosons, photons, quartz, électrons, muons, neutrinos… Et donc forcément la substance dont est fait tout ce qui est constitué par ces particules.

Ces deux définitions se rejoignent car ces particules interagissent toutes avec nos instruments de mesure et rien n’interagit avec nos instruments de mesure qui ne soit pas fait de ces particules élémentaires. Le point de divergence entre ces deux définitions est que la première n’exclue pas qu’on puisse découvrir de nouvelles particules. Ceci dit si leur existence est attestée c’est que ces nouvelles particules ont des propriétés détectables par nos instruments de mesure, donc qu’elles sont matérielles.

Propriétés et effets de la matière : Nos instruments de mesure ne mesurent pas directement la matière. Ils mesurent des « propriétés » de la matière ou des effets de la matière. Par exemple un volume (l’espace qu’occupe un objet de matière) ou une masse (la quantité de matière) sont des propriétés matérielles. Le rayonnement ou la chaleur sont des effets de la matière, des émissions d’énergie (qui sont des émissions de matière).

On appelle matière tout ce qui a des effets ou des propriétés mesurables par nos instruments de mesure. Si l' »âme » avait une masse comme le prétend Duncan MacDougall elle serait quelque chose de matériel.

Les propriétés de la matière sont ce qui détermine la façon dont elle va interagir avec elle-même (elles déterminent ses « effets » donc). Par exemple une particule qui a pour propriété d’avoir une charge positive sera repoussée par les particules ayant la même propriété.
On déduit donc la charge (la propriété) de la particule en observant l’effet de la particule (répulsion ou attraction) sur une autre particule.

On touche ici a un point fondamental du matérialisme qui est l’interpendance de tous les objets matériels. La matière EST ses effets. La seule chose qu’on détecte réellement, que ce soit par nos sens ou nos instruments de mesure, ce sont les effets de la matière. Il n’y a aucun sens à parler d’un objet matériel qui ne produit aucun effet. Or un objet ne peut avoir d’effet que sur un autre objet ayant les mêmes propriétés. Un effet est par définition une interaction. Autrement dit, un objet qui a un effet sur un autre subit aussi forcément un effet de l’autre objet.
Prenons l’exemple de la masse. Tout objet matériel a une masse. L’effet de la masse est de tordre l’espace-temps autour de lui. Un objet qui passe à proximité d’un autre subit l’effet de la déformation et sa trajectoire est modifiée. Mais lui aussi déforme l’espace-temps et « attire » l’autre objet. C’est ce qu’on appelle l’attraction gravitationnelle.

Ainsi, quand on dit d’un instrument de mesure qu’il « mesure » un effet d’un objet matériel, on dit en fait qu’il éprouve cet effet. Mesurer une masse c’est « ressentir » l’attraction gravitationnelle générée par cette masse. Puis la retranscrire dans un langage humain.

Ce point est fondamental puisqu’il sous-entend que les différentes évolutions que subit la matière sont dues à son propre effet. Il n’est nullement besoin de recourir à l’intervention d’un Dieu pour expliquer les changements matériels et leurs résultats. Il n’est nullement besoin de recourir à l’intervention d’un Dieu pour expliquer, par exemple, que de la poussière d’étoile se soit agglutinée jusqu’à former, entre autres, des humains et leurs pensées.

Conséquences :

  • Des phénomènes matériels sont causés entièrement par d’autres phénomènes matériels. La matière a forcément une influence sur la matière. Cette influence croît à mesure que la proximité entre deux objets matériels croît. Elle augmente aussi si la concentration de matière croît (sa densité). Le soleil, par exemple, est plus loin de la Terre que Mars mais il est une telle concentration de matière que nous ressentons bien plus sont attraction que celle de Mars.
  • L’univers forme le seul et unique système clos (qui ne subit pas les influences de l’environnement, normal vu que l’univers est par définition tout ce qui existe donc qu’il n’a pas d’environnement).
  • Chaque partie de l’univers est liée au reste de l’univers et aucune partie ne suit une évolution indépendante du reste1.
  • Ni le hasard, ni dieu, ni le libre-arbitre n’existent2. Ils ne peuvent servir d’explication à aucun phénomène.
  • Ce qu’on appelle « esprit » ou « idée » correspond à des phénomènes totalement matériels.
  • Il n’y a pas de « lois de la matière » ni de logique transcendantale qui régit le fonctionnement de la matière / de la Nature. Plus de précision ici.
  • L' »émergence » n’existe pas. Les propriétés des particules élémentaires déterminent les propriétés de leurs relations. Et par suite les propriétés de tout ce qui est composé par elles. Plus de précision ici.

1« Tout ce qui est, les êtres qui constituent l’ensemble indéfini de l’univers, toutes les choses existantes dans le monde, quelle que soit d’ailleurs leur nature particulière, tant sous le rapport de la qualité que sous celui de la quantité, les plus différentes et les plus semblables, grandes ou petites, rapprochées ou immensément éloignées, exercent nécessairement et inconsciemment, soit par voie immédiate et directe, soit par transmission indirecte, une action et réaction perpétuelles ; et toute cette quantité infinie d’action se combinant en un mouvement général et unique produit et constitue ce que nous appelons la vie, la solidarité et la causalité universelle, la Nature. » « La conception matérialiste du monde », Théorie générale de la révolution, Mikhaïl Bakounine, Les nuits rouges, 2019, p. 24

2Par hasard j’entends l’imprédictibilité fondamentale.
Par Dieu une entité qui ne peut pas être influencée par la matière mais peut l’influencer de façon volontaire.
Par libre-arbitre une entité qui ne peut pas être influencée par la matière mais peut influencer de façon volontaire l’action d’un cerveau matériel particulier (et par son intermédiaire, l’ensemble du corps que ce cerveau « contrôle »).